Dans l’arène politique béninoise, la tentation est grande de recourir à des arguments outranciers pour justifier les agissements et protéger des personnalités exposées.
Les récents événements et la réponse fournie par certains partis politiques, notamment le parti Restaurer l’Espoir (RE) et certains supposés chroniqueurs, suite à la tentative présumée de coup d’État du 27 septembre 2024, en sont l’illustration parfaite.
Entre la dénonciation d’un supposé montage politique et la critique acerbe des institutions judiciaires, il apparaît une volonté manifeste de brouiller les pistes pour fuir les responsabilités.
Cependant, il convient de se demander si ces dénonciations ne sont pas autant un aveu d’impuissance que d’un manque criant d’argumentation crédible. Il est facile de dévier l’attention en accusant le gouvernement et la justice de manipulation, mais encore faut-il pouvoir démontrer, preuves à l’appui, que les faits évoqués par la justice ne sont que des illusions.
La présomption d’innocence n’est pas synonyme d’impunité
Le Parti Restaurer l’Espoir semble vouloir défendre l’idée que les personnalités mises en cause, notamment l’ancien ministre des Sports, Oswald Homeky, et Olivier Boko, sont victimes d’un complot ourdi par le gouvernement pour les discréditer avant les échéances électorales de 2026. Cette posture défensive est compréhensible dans le jeu politique, mais elle ne doit pas servir de prétexte à l’impunité.
Oui, tout citoyen a droit à la présomption d’innocence, mais ce principe ne doit pas être confondu avec une impunité tacite. Le fait que des personnalités influentes soient impliquées ne doit pas exonérer les acteurs judiciaires de leur devoir d’enquête rigoureuse.
Les sommes d’argent découvertes, les relations suspectes et les détails révélés par l’enquête montrent qu’il existe des indices graves qui méritent d’être éclaircis. Le rejet global de ces accusations comme étant de simples montages politiques revient à occulter une réalité qui, au-delà des opinions partisanes, nécessite une investigation approfondie.
Les faits ne se dissipent pas dans des théories de complot
Le Procureur spécial de la CRIET a présenté des faits tangibles : l’arrestation d’Oswald Homeky et d’Olivier Boko, la découverte de fortes sommes d’argent, une assurance vie souscrite, de véhicule immatriculé de manière frauduleuse.
Ces éléments ne sont pas des fantasmes, mais des réalités objectives qui ont été soumises à l’appréciation publique. Loin de constituer un “montage nollywoodien”, comme le prétend Restaurer l’Espoir, ces faits montrent que la justice fait son travail et cherche à protéger la stabilité de la nation.
Nier ces faits ou tenter de les relativiser, c’est nier la réalité des risques auxquels est confrontée la République du Bénin. Chaque citoyen est en droit d’exiger que la lumière soit faite sur de telles affaires, mais il est irresponsable de se réfugier derrière des accusations floues de “manipulation politique” sans proposer d’arguments sérieux pour les soutenir.
Une opposition qui s’égare dans la victimisation
Le discours de Restaurer l’Espoir se concentre sur la prétendue instrumentalisation de la justice pour museler l’opposition. C’est une rengaine bien connue dans les milieux politiques africains, mais elle ne tient pas face à l’examen des faits. Ce parti semble oublier que la loi est la même pour tous, et que l’immunité politique ne doit en aucun cas couvrir des actes répréhensibles, en particulier lorsqu’il s’agit d’atteinte à la sûreté de l’État.
En prenant la défense aveugle de personnalités accusées de comploter contre l’État, le parti risque de s’aliéner une partie de la population qui, elle, aspire à un renforcement de l’État de droit et à la préservation de la stabilité nationale. Ce n’est pas en multipliant les critiques contre le gouvernement ou en dénigrant les institutions judiciaires que l’opposition parviendra à convaincre. Il faut des preuves, des arguments, et surtout une alternative crédible pour le pays.
Les véritables enjeux de 2026
Enfin, il est surprenant de constater à quel point le discours de Restaurer l’Espoir se focalise sur les élections de 2026, comme si tout ce qui se passe aujourd’hui n’était qu’une simple manœuvre pour préparer le terrain électoral. Ce parti semble oublier que la question de la sécurité nationale ne peut être réduite à un simple calcul électoral.
Le Bénin est un État souverain, et toute tentative de déstabilisation, qu’elle soit avérée ou non, mérite une attention sérieuse. Les enjeux sont bien plus larges que ceux des ambitions politiques de quelques individus ou partis.
Les accusations portées contre le gouvernement doivent être fondées sur des faits concrets, et non sur des suppositions visant à détourner l’attention des réalités. Si l’opposition espère un avenir politique florissant, elle gagnerait à abandonner la victimisation systématique et à se concentrer sur la présentation de solutions aux problèmes réels du pays.
Le récent communiqué de Restaurer l’Espoir montrent une opposition qui s’échine à créer des diversions plutôt qu’à répondre de manière constructive aux préoccupations soulevées. La République du Bénin a besoin d’un débat politique sérieux et apaisé, pas d’accusations infondées ni de stratégies de victimisation.
Si coup d’État ou complot il y a, c’est à la justice d’en déterminer la véracité. Mais une chose est certaine : la stabilité de la nation passe avant tout, et il est du devoir de chacun, quel que soit son bord politique, de la préserver.
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