samedi 21 septembre 2024

Football : L’exil forcé des sélections africaines qui ne peuvent plus jouer à domicile

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Une crise frappe le football africain. Vingt-trois sélections nationales sont désormais contraintes de disputer leurs matchs officiels sur terrain neutre, incapables de jouer sur leurs terres faute de stades homologués par la Confédération africaine de football (CAF). Cette situation, qui impacte près de la moitié des équipes africaines, pose de sérieux défis non seulement pour les joueurs et les staffs techniques, mais aussi pour les supporters privés de l’opportunité de voir leurs équipes évoluer à domicile.

Le cas de la République centrafricaine illustre bien ce problème. Son stade principal, le Barthélémy-Boganda à Bangui, n’est plus aux normes depuis 2020. Les Fauves, dirigés par le sélectionneur suisse Raoul Savoy, ont dû se résoudre à jouer leurs matchs loin de chez eux. Lors de leur victoire 3-1 contre le Lesotho, comptant pour les qualifications à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025, l’équipe a dû accueillir son adversaire à El Jadida, au Maroc, sous les yeux de quelques supporters de la diaspora centrafricaine.

Des stades inadéquats et des situations complexes

La Centrafrique n’est pas la seule équipe confrontée à ce problème. Quinze autres sélections africaines engagées dans les qualifications de la CAN 2025, telles que le Bénin, la Sierra Leone, ou encore le Burkina Faso, connaissent des difficultés similaires. À cela s’ajoutent des nations non engagées ou éliminées, comme le Soudan, en proie à une guerre civile, ou encore la Somalie, Djibouti et les Seychelles. En tout, près de la moitié des 53 fédérations affiliées à la CAF ne sont pas en mesure d’organiser des matchs chez elles. Les raisons varient entre infrastructures défaillantes, instabilité politique et manque de sécurité.

Des initiatives sont toutefois en cours pour améliorer la situation. Le stade Omnisports de Malouzini aux Comores, par exemple, devrait être de nouveau opérationnel d’ici octobre. De même, au Tchad, le nouveau stade de Mandjafa à N’Djamena devrait être achevé en 2025, permettant aux équipes nationales de revenir jouer à domicile.

Des exils coûteux pour les fédérations

Outre l’impact sportif, cet exil imposé a des répercussions économiques importantes pour les fédérations. Jérémie Manirakiza, secrétaire général de la Fédération burundaise de football, explique à Jeune Afrique : « Ne pas jouer dans notre stade présente beaucoup d’inconvénients. Sportivement, nous perdons l’appui du public, ce qui peut nous coûter des points cruciaux. Financièrement, c’est encore plus difficile : entre les billets d’avion, les hôtels, la location du stade et les recettes réduites de billetterie, l’exil est très coûteux. »

Le Burundi a par exemple dû affronter le Sénégal, champion d’Afrique en titre, dans un stade vide à Lilongwe, au Malawi, alors qu’il aurait pu remplir son stade à Bujumbura pour cette rencontre. La fédération essaie de limiter les coûts en restant dans la même ville pour plusieurs matchs, mais cela reste un fardeau financier.

Un problème structurel et une solution à long terme

Cette crise du football africain découle d’un manque d’investissement chronique dans les infrastructures sportives. Bien que certains stades aient été construits ou rénovés récemment, comme le stade Baréa à Madagascar, ils ne répondent souvent plus aux normes quelques années après leur inauguration, faute d’entretien. Ce manque d’infrastructures adéquates prive les populations locales de moments cruciaux de fierté nationale.

Comme le souligne Manirakiza à J.A, « Pour les publics locaux, voir jouer leur sélection fait partie du patrimoine national. » À l’instar des Nigériens qui devront encore regarder leur équipe jouer à la télévision lors de leur match contre l’Angola, prévu au Maroc le 15 octobre, cette situation pourrait perdurer si les États concernés ne prennent pas des mesures pour entretenir leurs infrastructures sportives.

Au-delà des défis immédiats, l’avenir du football africain dépendra de la capacité des gouvernements à offrir à leurs sélections nationales des installations adéquates pour évoluer devant leurs supporters.

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