mercredi 4 décembre 2024

Bénin : Un retour progressif à la gratuité des soins pour les dialysés ?

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La prise en charge des patients souffrant de maladies rénales, notamment des dialysés, a fait la une de l’actualité politique et sociale au Bénin ces derniers mois.

Dans une lettre adressée au Président Patrice Talon en avril 2024, l’Association des Dialysés du Bénin avait sollicité l’intervention du Chef de l’État pour une prise en charge afin que les malades soient « soulagés pour le bonheur de leur famille et de toute la Nation ».

Selon les chiffres présentés par le Ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin, et rapportés par nos confrères de nouvelletribune.info, « 512 personnes sous dialyse sont décédées entre le 1er janvier 2019 et le 1er novembre 2023 ». Toujours selon ces chiffres, la dialyse coûte en moyenne 20.132.152 F CFA par an et par dialysé, soit 1.677.679 F CFA par mois et par personne dialysée.

D’autres estimations rapportent qu’« à la date du 1er novembre 2023, 412 personnes étaient sous dialyse au Bénin, dont 288 prises en charge par l’État et 124 à leurs propres frais. Les 288 personnes sont des agents de l’État en fonction, leurs enfants de moins de 21 ans, leurs conjoints pour un total de 85, ainsi que des indigents enrôlés avant 2019, au nombre de 203 ».

Une réaction pour améliorer l’accès aux soins des patients dialysés :

Face à cette situation qui suscite la compassion, les opposants au Président Patrice Talon se sont également emparés de ce dossier pour critiquer le système de santé, malgré les efforts et progrès réalisés. Loin de condamner l’opposition dans son rôle de contre-pouvoir, ce sujet constitue une préoccupation sociale qui intéresse autant le gouvernement, la société civile que les opposants.

À l’écoute de la population qui l’a élu pour diriger le Bénin, le gouvernement, sous l’impulsion du Chef de l’État, a pris quatre importantes mesures le 18 septembre lors du Conseil des ministres pour soulager les malades.

Premièrement, le gouvernement a annoncé que « de nouvelles unités de dialyse ont été mises en place à Porto-Novo et Abomey » afin « d’étendre l’offre de soins aux dialysés et de la rapprocher des populations à l’intérieur du pays ». Cela permettra aux patients d’éviter de longs trajets pour atteindre les centres de traitement.

La deuxième mesure consiste à augmenter les capacités des unités de dialyse de Cotonou et de Parakou « par l’acquisition de 57 nouveaux générateurs de dialyse et d’équipements divers », dont : 25 générateurs de dialyse et un appareil d’hémofiltration pour le CNHU-HKM ; 16 générateurs de dialyse et un appareil d’hémofiltration pour le CHUD Ouémé-Plateau ; 8 générateurs de dialyse pour le CHD Zou-Collines et 8 générateurs de dialyse ainsi qu’un appareil d’hémofiltration pour le CHHD Borgou-Alibori.

Ensuite, « la Société béninoise d’Approvisionnement en Produits pharmaceutiques a développé un modèle d’acquisition des intrants permettant de renforcer la disponibilité des kits et d’en réduire le coût », précise le communiqué du gouvernement.

Enfin, la mesure la plus significative en faveur des personnes souffrant de maladies rénales est « l’exonération de tous les intrants entrant dans la composition des kits de droits et taxes de douane, afin de réduire davantage le coût des kits et de faciliter l’accès aux soins pour les patients ».

La formation de néphrologues est également une préoccupation pour les autorités béninoises.

Décision saluée par l’opinion publique, mais des attentes subsistent…

À l’annonce de ces décisions du Conseil des ministres, les Béninois ont salué les mesures visant à améliorer l’accès aux soins des patients dialysés tout en exhortant le gouvernement à en faire davantage.

Le collectif des OSC, par la voix de son coordonnateur Gilbert Zinsou Hounwanou, s’est exprimé : « C’est une décision à saluer. Nous sommes joyeux. C’est un pas de franchi dans la lutte que nous menons. Payer un kit était autrefois un véritable calvaire pour les malades qui ne sont pas des fonctionnaires de l’État ».

Il a ensuite demandé à Patrice Talon de « rétablir la gratuité totale de la prise en charge des dialysés », en soulignant que les malades lui en seraient « reconnaissants » en 2026 à la fin de son mandat. Cette demande a également été relayée par les sites lanouvelletribune.info et matinlibre.com.

Un retour progressif à la gratuité des soins pour les dialysés ?

La subvention de l’État pour les dialysés avait été décidée sous les anciens régimes, avec un coût estimé entre 2 et 2,5 milliards F CFA pour le Trésor public. À l’arrivée du Président Talon au pouvoir, il a été découvert que cette subvention, détournée par certains, ne profitait pas réellement aux patients souffrant de maladies rénales.

En 2016, un audit a révélé l’existence de pratiques mafieuses dans la gestion des fonds alloués aux soins des patients dialysés : surfacturation et soins fictifs. Face à cette situation, et fidèle à sa politique de bonne gouvernance, le gouvernement a décidé de ne plus prendre en charge que les fonctionnaires de l’État, laissant ainsi d’autres patients sans soutien financier.

Les nouvelles mesures gouvernementales pour les patients sous dialyse laissent présager un retour progressif à une prise en charge par l’État, tout en veillant à une gestion rigoureuse des subventions qui avaient servi de « caisses noires » à certains dignitaires des anciens régimes.

Le Président P. Talon, attentif aux attentes de la population, saura réagir en temps voulu.

En attendant, il est recommandé de suivre les conseils pour protéger ses reins : faire du sport, surveiller régulièrement sa glycémie, son taux de cholestérol et sa tension artérielle, réduire la consommation de sel, adopter une alimentation équilibrée (avec un apport suffisant en eau), surveiller son poids, éviter de fumer et l’automédication, et enfin éviter les médicaments traditionnels, car ils peuvent accélérer la progression de la maladie rénale chez les patients insuffisants rénaux.

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