vendredi 20 septembre 2024

Banque Africaine de Développement : La course à la présidence, enjeu clé pour le développement africain

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L’annonce, en février 2024, de la candidature du Tchadien Mahamat Abbas Tolli à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) a marqué le début d’une compétition stratégique au sommet de l’institution panafricaine. Le Dr Akinwumi Adesina, président sortant, laisse derrière lui un héritage de réformes audacieuses et d’initiatives marquantes pour le développement du continent. Sa succession cristallise désormais l’attention, alors que quatre candidats de poids s’affrontent pour diriger l’une des principales institutions de financement de l’Afrique.

Parmi eux, le Béninois Romuald Wadagni, le Zambien Dr Samuel Munzele Maimbo, le Mauritanien Ousmane Kane et, bien sûr, Mahamat Abbas Tolli. Ces personnalités, riches de parcours divers, se préparent à relever des défis de taille, tant pour assurer la continuité des projets actuels de la BAD que pour façonner une nouvelle ère de développement économique pour le continent.

Des candidatures solides pour une institution cruciale

L’élection à la présidence de la BAD n’est pas qu’une simple question de leadership. Elle engage le futur du développement africain, dans un contexte où les besoins en infrastructures, en diversification économique, et en lutte contre le changement climatique sont plus pressants que jamais. Le prochain président devra notamment gérer le modèle de financement hybride mis en place par Adesina, qui combine fonds propres et ressources externes pour soutenir des projets majeurs tels que l’autoroute Abidjan-Lagos ou le développement des énergies renouvelables.

Au-delà de l’aspect financier, la Banque a aussi un rôle clé à jouer dans la résilience écologique du continent. Les projets de reforestation du bassin du Congo, soutenus par la BAD, nécessitent une poursuite vigoureuse sous la nouvelle présidence. Dans ce cadre, les candidats se doivent de démontrer leur capacité à conjuguer innovation, gestion rigoureuse, et vision écologique.

Romuald Wadagni, le favori béninois

En tête de cette course, Romuald Wadagni, ministre béninois de l’Économie et des Finances depuis 2016, se distingue par son bilan impressionnant à la tête de l’économie béninoise. Sous sa direction, le Bénin a connu une croissance soutenue, culminant à 7,2 % en 2021 malgré la pandémie mondiale. Sa gestion rigoureuse des finances publiques a permis au pays de se positionner comme un modèle de stabilité économique en Afrique de l’Ouest, avec des réformes structurantes applaudies par les institutions internationales.

Ce parcours lui confère un avantage certain face à ses concurrents, notamment Mahamat Abbas Tolli, dont la candidature est affaiblie par des accusations de fraude durant son mandat à la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Cependant, Wadagni devra convaincre non seulement par son succès économique, mais aussi par sa vision pour une BAD plus inclusive et tournée vers les enjeux écologiques.

Les autres candidats : entre expérience et défis

Mahamat Abbas Tolli, fort de son expérience à la BEAC, jouit du soutien de l’Afrique centrale et de celui du président tchadien Déby, qui mène un intense lobbying diplomatique. Cependant, son parcours est terni par des controverses qui pourraient peser lourdement sur ses chances d’accéder à la présidence de la BAD.

Le Zambien Dr Samuel Munzele Maimbo, soutenu par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), propose quant à lui une candidature forte en raison de son expérience internationale. Actuellement vice-président de la Banque mondiale, Maimbo a une expertise indéniable dans les marchés financiers et le développement. Pourtant, son éloignement du terrain africain et la tendance à favoriser un francophone pour ce poste pourraient jouer en sa défaveur.

Enfin, le Mauritanien Ousmane Kane, moins connu du grand public, a un parcours à la fois solide et contrasté. Ancien gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie et ancien cadre de la BAD, son expérience pourrait jouer en sa faveur. Toutefois, les difficultés économiques de la Mauritanie et les critiques concernant sa gestion à la tête de la SNIM ternissent quelque peu son bilan.

Une élection sous l’œil des actionnaires non régionaux

Le choix du prochain président de la BAD ne dépendra pas seulement des candidats africains ou de leur soutien régional. En effet, 40 % du capital de la BAD est détenu par des actionnaires non régionaux tels que les États-Unis, le Japon, l’Allemagne et la France. Leur influence sera déterminante dans cette élection, tout comme leur préférence pour un candidat capable de garantir la stabilité financière et de poursuivre les réformes engagées sous l’ère Adesina.

La compétition reste donc ouverte, avec une certitude : le prochain président de la BAD aura entre ses mains les clés du développement économique de l’Afrique pour les années à venir. Il devra concilier croissance économique, inclusion sociale et résilience climatique dans un contexte mondial incertain. Une mission ambitieuse pour une institution qui demeure le principal levier de transformation du continent.

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