samedi 9 novembre 2024

Le « Kadhafi » : une drogue qui déferle sur plusieurs pays africains

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Le phénomène du « kadhafi », une drogue à base de Tramaking et d’alcool, ne se limite pas uniquement à la Côte d’Ivoire. Ce mélange, popularisé par les réseaux sociaux, s’étend à plusieurs pays africains, illustrant une crise sanitaire et sociale régionale. Partant de l’ouest de l’Afrique, la drogue s’infiltre à travers des réseaux de distribution transnationaux, provoquant des ravages parmi la jeunesse des quartiers les plus modestes.

Une crise sanitaire qui s’étend en Afrique de l’Ouest

La Côte d’Ivoire est le foyer de ce phénomène avec la diffusion rapide de la consommation de kadhafi dans des villes comme Abidjan, Bouaké, et San Pedro. Cependant, ce n’est pas un cas isolé. La consommation de drogues, et en particulier d’antidouleurs comme le tramadol et le Tramaking, s’est répandue dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.

Ghana

Le Ghana est également confronté à l’augmentation de la consommation de tramadol chez les jeunes. Ces dernières années, plusieurs alertes ont été lancées sur l’usage détourné de ce médicament, avec des scènes similaires à celles observées en Côte d’Ivoire. Le tramadol y est souvent consommé avec de l’alcool ou des substances énergisantes, exacerbant ses effets sédatifs et euphorisants.

Burkina Faso

Tout comme en Côte d’Ivoire, le Burkina Faso est touché par ce phénomène. Des saisies régulières de tramadol et de comprimés similaires à ceux utilisés pour fabriquer le kadhafi montrent l’ampleur de cette crise dans la région. Le tramadol est importé illégalement dans ces pays, souvent en provenance d’Inde ou de Chine, alimentant un marché noir lucratif.

Niger

Le Niger est également affecté par cette nouvelle vague de consommation de drogues. Des saisies importantes de tramadol et d’autres substances contrefaites révèlent l’étendue du problème dans ce pays du Sahel, où les drogues sont souvent consommées pour lutter contre la fatigue liée aux conditions de travail ardues.

Les filières d’approvisionnement : une énigme régionale

L’un des aspects les plus inquiétants de ce phénomène est l’opacité des réseaux d’approvisionnement de ces drogues. Bien que les autorités ivoiriennes et celles des pays voisins aient réalisé des saisies importantes de médicaments contrefaits, les filières derrière le kadhafi restent difficilement identifiables. Selon plusieurs sources, ces réseaux seraient similaires à ceux du tramadol, un médicament largement disponible sur le marché indien et qui fait l’objet d’importations illégales dans toute la région ouest-africaine.

Des saisies massives ont été rapportées dans différents pays :

• 927 kg de comprimés saisis à San Pedro, en Côte d’Ivoire.

• 16 000 comprimés de tramadol confisqués à Ferkessédougou, à la frontière nord du pays.

• Des quantités similaires ont été interceptées au Ghana, au Burkina Faso, et jusqu’au Niger, illustrant l’ampleur transfrontalière de ce trafic.

Une drogue facile d’accès, mais dangereuse

Si le kadhafi a gagné en popularité, c’est en partie grâce à son faible coût et à la facilité de se le procurer. Pour les jeunes des quartiers défavorisés, c’est une alternative bon marché par rapport à d’autres drogues plus onéreuses comme la cocaïne ou l’héroïne. Avant la récente répression des autorités, un comprimé de kadhafi se vendait entre 200 et 500 francs CFA, soit moins de 0,80 euro.

Toutefois, l’utilisation de cette drogue présente de sérieux dangers pour la santé. Le mélange du tramadol, du carisoprodol et de l’alcool peut provoquer des effets secondaires graves, allant des démangeaisons aux convulsions, en passant par des crises respiratoires pouvant mener au coma ou à la mort. Des organisations comme l’OMS ont mis en garde contre la combinaison de ces substances, en raison du risque accru de dépression respiratoire et d’overdose.

L’impact sur la jeunesse et la réponse des autorités

La popularisation du kadhafi dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, et le Burkina Faso constitue un véritable problème de santé publique. Les jeunes, souvent mal informés des dangers que représente cette drogue, en sont les premières victimes. Les réseaux sociaux amplifient le phénomène, avec des défis chorégraphiques et des vidéos virales qui glorifient la consommation de ces comprimés.

En réponse à cette crise, plusieurs pays ont commencé à intensifier leurs efforts pour lutter contre la propagation de cette drogue. En Côte d’Ivoire, la police des stupéfiants et des drogues mène des opérations massives pour saisir des cargaisons de médicaments contrefaits et démanteler les réseaux de distribution. Les autres pays de la région intensifient également leurs efforts, tout en essayant de renforcer leurs cadres législatifs pour combattre ce fléau.

• Ghana : Le gouvernement ghanéen a lancé des campagnes de sensibilisation visant les jeunes, et plusieurs opérations policières ont permis de démanteler des réseaux de vente de tramadol.

• Burkina Faso : Outre les saisies de tramadol, les autorités locales tentent de contenir la propagation de cette drogue à travers des programmes éducatifs et des interventions communautaires.

• Niger : Les autorités nigériennes, en partenariat avec des ONG locales, s’efforcent de limiter la consommation de tramadol par des actions de prévention et de répression.

Une urgence régionale

Le phénomène du kadhafi ne peut être ignoré, car il menace de devenir une véritable crise sanitaire et sociale en Afrique de l’Ouest. Il illustre les défis croissants que rencontrent les gouvernements face au trafic de drogues et à l’influence des réseaux sociaux sur les comportements des jeunes. Cette vague de consommation d’opioïdes soulève également des questions sur l’inefficacité des systèmes de contrôle pharmaceutique dans la région et la nécessité de renforcer la coopération régionale pour contrer ce fléau.

En plus des campagnes de sensibilisation, il est impératif de s’attaquer aux racines du problème : la pauvreté, le chômage, et le manque de perspectives qui poussent les jeunes à se tourner vers ces substances destructrices. Sans une approche globale et concertée à l’échelle régionale, la consommation de kadhafi continuera à croître, avec des conséquences dramatiques pour les pays touchés.

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