Un an après le coup d’État mené par le général Abdourahamane Tiani, le Niger se trouve dans une situation économique particulièrement critique. La fermeture des frontières avec les pays voisins imposée par l’embargo de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a lourdement frappé le pays. La pénurie de produits de première nécessité et une inflation atteignant 11 %, le plus haut taux au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), exacerbent la crise économique.
Une économie en détresse
La décision de fermer les frontières avec le Bénin, pays clé pour les échanges commerciaux du Niger, a eu des répercussions sévères. Avant cette fermeture, beaucoup de marchandises transitant par le port de Cotonou étaient destinées au Niger. La crise s’est intensifiée avec la suspension de plusieurs projets d’exploitation minière majeurs, comme ceux de la Société des mines de l’Aïr, et des pertes substantielles pour le groupe français Orano, qui a enregistré une perte de 133 millions d’euros pour le premier semestre 2024. La situation est aggravée par des interruptions dans les opérations de la West African Oil Pipeline Company (Wapco), essentielle pour l’exportation du pétrole nigérien, avec un manque à gagner estimé à 9 millions de dollars par jour.
Les attaques jihadistes ont également perturbé les activités économiques, en particulier dans les régions frontalières. Les récentes attaques contre des infrastructures pétrolières ont mis en évidence les défis sécuritaires croissants auxquels le pays est confronté.
Négociations avec le Bénin
Pour tenter de sortir de cette crise, le régime de Niamey a récemment envoyé le général Mohamed Toumba, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, en mission diplomatique à Cotonou. L’objectif est de négocier une normalisation des relations avec le Bénin et de résoudre les tensions commerciales. Les discussions devraient aborder la réouverture des frontières et le rétablissement des routes commerciales cruciales pour l’économie nigérienne.
Exploration de solutions alternatives
En parallèle, le Niger cherche des alternatives pour l’exportation de son pétrole. Le pays explore la possibilité d’utiliser le pipeline Tchad-Cameroun comme une solution de secours. Toutefois, cette option est jugée coûteuse et complexe. Des délégations tchadiennes ont été envoyées pour évaluer les modalités de ce partenariat potentiel, mais aucune décision finale n’a encore été prise.
Célébrations et Réactions
Le 26 juillet 2024, le régime militaire a célébré son premier anniversaire avec des festivités grandioses à Niamey. Des milliers de partisans ont assisté aux célébrations au stade Seyni-Kountché, avec des marchés et commerces fermés pour l’occasion. Le général Tiani a ouvert les festivités en saluant la foule, bien qu’il n’ait pas pris la parole. Le régime a souligné le « retour de la souveraineté » et la « lutte pour l’indépendance véritable » du Niger.
Réorientation géopolitique
Sous le régime militaire, le Niger a réorienté sa politique étrangère en s’éloignant des anciennes puissances coloniales et en cherchant de nouveaux alliés parmi les puissances non occidentales comme la Turquie, l’Iran et la Russie. Ce repositionnement s’accompagne de critiques acerbes contre les pays occidentaux, dont les troupes ont été évacuées fin 2023. Les relations avec les voisins sahéliens, comme le Mali et le Burkina Faso, également dirigés par des régimes militaires, ont été renforcées dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel (AES).
La situation au Niger est marquée par une confluence de défis économiques et politiques. La crise économique, exacerbée par l’embargo et les attaques jihadistes, pousse le régime à explorer des solutions diplomatiques et économiques urgentes. Les négociations avec le Bénin et la recherche d’éventuelles nouvelles routes d’exportation seront cruciales pour stabiliser l’économie nigérienne. La réorientation géopolitique du pays, tout en renforçant ses liens avec des partenaires non occidentaux, pourrait redéfinir ses relations internationales à moyen terme. Le Niger devra naviguer habilement entre les tensions internes, les défis sécuritaires et les pressions économiques pour assurer une reprise durable.
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