mercredi 19 mars 2025

Tshisekedi et Kagame se rencontrent à Doha : un pas vers la paix ou une accalmie stratégique ?

Partager

Doha, 18 mars 2025. Contre toute attente, le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame se sont rencontrés ce mardi dans la capitale qatarie sous l’égide de l’émir Tamim Ben Hamad Al Thani. Une réunion qui marque un tournant majeur dans la crise qui oppose la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, alors que les tensions à l’est du Congo atteignent un paroxysme avec l’intensification des combats entre les forces congolaises et les rebelles du M23, soutenus par Kigali selon Kinshasa.

Dans un communiqué commun, les deux dirigeants ont affirmé leur engagement en faveur d’un “cessez-le-feu immédiat et inconditionnel”, tout en convenant de la nécessité de “poursuivre les discussions entamées à Doha afin d’établir des bases solides pour une paix durable”. Cette déclaration contraste avec la rhétorique belliqueuse adoptée ces derniers mois par Félix Tshisekedi, qui avait promis qu’il “ne rencontrera plus jamais Kagame nulle part sur la terre” et refusait toute négociation directe avec le M23.

Un revirement stratégique de Tshisekedi ?

Ce tête-à-tête entre les deux hommes illustre un net changement de posture de Kinshasa. Officiellement, Félix Tshisekedi a toujours martelé qu’il ne discuterait jamais avec le M23, considéré comme un mouvement terroriste. Mais les récentes avancées militaires des rebelles dans le Nord-Kivu ont peut-être forcé le président congolais à revoir sa position. Selon plusieurs sources diplomatiques, la pression internationale, notamment celle des États-Unis et de l’Union africaine, aurait joué un rôle clé dans ce rapprochement inattendu.

LIRE AUSSI : Conflit en RDC : Kigali et le M23 sous le feu des sanctions européennes

De son côté, Paul Kagame, qui nie toujours tout soutien aux rebelles du M23, trouve dans cette rencontre une opportunité d’améliorer son image sur la scène internationale, alors que le Rwanda fait face à des critiques croissantes pour son implication présumée dans le conflit. En acceptant de dialoguer avec Kinshasa sous la médiation du Qatar, Kigali pourrait chercher à obtenir des garanties sur ses intérêts économiques et sécuritaires dans la région, notamment en matière d’exploitation des ressources minières congolaises.

Le Qatar, nouveau médiateur en Afrique centrale ?

Le choix de Doha comme cadre de ces négociations n’est pas anodin. Ces dernières années, le Qatar s’est imposé comme un acteur diplomatique de premier plan sur la scène internationale, multipliant les efforts de médiation, notamment en Afghanistan et au Soudan. En accueillant Tshisekedi et Kagame, l’émirat renforce son rôle d’intermédiaire dans les conflits africains et cherche à s’ériger en garant d’une paix régionale qui demeure fragile.

Toutefois, la question reste entière : ce rapprochement entre les deux chefs d’État aboutira-t-il à une véritable résolution du conflit ou s’agit-il d’un simple apaisement temporaire sous la pression internationale ? À Kinshasa, comme à Goma, les populations restent sceptiques, habituées aux promesses de paix qui ne durent jamais longtemps.

La suite des discussions annoncées à Doha permettra de mesurer la sincérité de cet engagement. Mais une chose est sûre : Félix Tshisekedi a franchi une ligne qu’il s’était lui-même imposée. Reste à voir si ce revirement conduira à une paix durable ou s’il ne fera que repousser l’inévitable.

Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici. 

Views: 4

Plus d'actualités

Articles Populaires

You cannot copy content of this page