Ce lundi 10 Mars 2024, la ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, Yacine Fall, a été auditionnée par l’Assemblée nationale sur le projet de loi autorisant le président sénégalais à ratifier un accord avec le Maroc. Cet accord porte sur l’assistance aux détenus et le transfert des personnes condamnées. Mais au-delà de cette question spécifique, les échanges ont mis en lumière une préoccupation plus large : la situation des Sénégalais à l’étranger, notamment en matière de droit de séjour.
Des Sénégalais en difficulté à l’étranger
Lors de son intervention, la ministre Yacine Fall a dénoncé la précarité dans laquelle se trouvent certains de nos compatriotes, en particulier en Mauritanie, où l’absence de titre de séjour les expose à des formes de harcèlement. Si elle reconnaît la souveraineté de chaque pays dans la gestion des étrangers sur son territoire, elle insiste sur la nécessité de respecter les droits humains et la dignité des individus. « Il n’est pas acceptable de persécuter une personne simplement parce qu’elle ne possède pas de titre de séjour », a-t-elle déclaré.
Cette situation, loin d’être isolée, s’inscrit dans un contexte plus large où de nombreux Sénégalais vivant à l’étranger rencontrent des obstacles pour régulariser leur statut. Le débat soulevé par cette audition met en exergue la question de la réciprocité des traitements entre nations.
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La question de la réciprocité au cœur des débats
Plusieurs députés, dont Tahirou Sarr, Guy Marius Sagna et Babacar Ndiaye, ont exprimé leur volonté de voir le Sénégal adopter une approche plus ferme vis-à-vis des étrangers résidant sur son sol. Tahirou Sarr a souligné une apparente asymétrie : « Des milliers d’étrangers, qu’ils soient Gabonais, Marocains ou Mauritaniens, peuvent vivre librement au Sénégal, tandis que nos compatriotes doivent payer des sommes exorbitantes pour obtenir un titre de séjour dans ces mêmes pays. »
Ce plaidoyer pour une politique de réciprocité traduit une frustration croissante face aux déséquilibres perçus dans la gestion des migrations intra-africaines. Pour certains parlementaires, il est impératif que le Sénégal cesse d’être un « terrain de tolérance unilatérale » et adopte des mesures garantissant un traitement équitable pour ses citoyens.
Un enjeu diplomatique plus large
L’accord avec le Maroc, bien que circonscrit aux détenus, s’inscrit dans une dynamique plus globale de renforcement des relations diplomatiques entre Dakar et Rabat. La coopération entre les deux pays couvre plusieurs domaines stratégiques, allant de l’éducation à l’économie en passant par la sécurité. Toutefois, la question migratoire et la gestion des Sénégalais à l’étranger restent des points sensibles qui nécessitent des négociations approfondies.
Alors que la ratification de l’accord sur le transfert des détenus semble être une formalité, le débat qu’il a suscité reflète une demande plus large : celle d’une politique migratoire plus équilibrée et protectrice des Sénégalais vivant hors du pays. Entre diplomatie et défense des intérêts nationaux, le Sénégal devra naviguer avec prudence pour trouver un compromis garantissant à la fois le respect des engagements internationaux et la préservation des droits de ses citoyens.
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