Le procès de l’affaire Urbain Pierre Dangnivo, en cours devant le tribunal de première instance de Cotonou, a connu un nouvel épisode marqué par des échanges houleux entre la partie civile et Donatien Amoussou. L’ex-militaire, impliqué dans cette affaire aux côtés de Codjo Cossi Alofa, a été soumis à une série de questions sur son rôle présumé dans les événements ayant conduit à la disparition de l’ancien cadre du ministère des Finances.
Lors de son interrogatoire, Amoussou a révélé qu’il détenait un CAP 2 et avait bénéficié d’une formation militaire dispensée par les Américains. Mais c’est sa gestion des sommes d’argent reçues qui a particulièrement retenu l’attention. Pressé par la partie civile sur les 500.000 FCFA qu’il aurait reçus de plusieurs sources, notamment du colonel Koumassegbô et du ministre Grégoire Akofodji, Amoussou a répondu sans détour : « L’argent ne sent pas mauvais. J’étais détenu, je manquais d’argent… Mais si c’était de l’argent pour un crime, je ne pouvais pas le prendre. »
Cette déclaration a immédiatement suscité des réactions dans la salle d’audience, mettant en lumière l’ambiguïté de son implication et de sa moralité dans cette affaire.
Le téléphone mystérieux et la commission d’enquête
Au fil des échanges, Amoussou est également revenu sur la mission qui lui aurait été confiée : remettre un téléphone portable à Océan FM. Il a laissé entendre que cette demande lui paraissait suspecte : « Si le colonel voulait détruire le téléphone, il n’aurait pas eu besoin de moi… Mais me dire d’aller remettre un téléphone à Océan FM et souligner que j’ai retrouvé le téléphone par terre, ça sonnait mal pour moi. »
Ces propos renforcent les interrogations autour du rôle qu’il aurait pu jouer dans la disparition de Dangnivo. Selon lui, son implication aurait pu être progressive : « Peut-être que si j’avais fait cela, on m’aurait confié d’autres tâches… »
Une déclaration qui laisse entendre que la fameuse commission d’enquête dont il faisait partie ne se limitait peut-être pas à la simple disparition d’un véhicule, mais aurait pu avoir un rôle plus large et plus sombre.
LIRE AUSSI : Procès de l’affaire Dangnivo : Amoussou et Alofa livrent leur version devant la justice
Alofa rappelé à la barre, tensions au sein de la défense
Peu après l’audition de Donatien Amoussou, Codjo Cossi Alofa a été rappelé à la barre. Le président du tribunal lui a demandé s’il avait bien suivi les déclarations de son co-accusé, ce à quoi il a répondu laconiquement : « Un peu. »
Un manque de précision qui contraste avec l’intensité des débats précédents. L’audience a ensuite été suspendue brièvement à 16h04, après une montée de tension entre la défense et la partie civile. L’avocat de Donatien Amoussou a vivement contesté la pertinence des questions posées, estimant qu’elles n’avaient pas lieu d’être. Après une courte pause, la séance a repris à 16h08 avec la poursuite des débats.
Le mystère demeure autour du colonel Koumassegbô
Interrogé sur la raison pour laquelle il aurait été choisi pour accomplir cette tâche, Amoussou a simplement répondu : « J’étais sûrement au mauvais endroit au mauvais moment. Seul le colonel peut donner des réponses. »
Mais lorsqu’on lui a demandé si ce dernier était encore en vie, sa réponse a jeté une nouvelle ombre sur cette affaire : « Je ne sais pas. »
Cette incertitude renforce le flou qui entoure cette affaire et laisse planer des doutes sur la possible disparition d’un témoin clé.
Vers une nouvelle escalade judiciaire ?
Alors que l’audience se poursuit, les éléments révélés jusqu’ici soulignent les nombreuses incohérences dans les versions des accusés et la complexité de cette affaire aux ramifications troublantes. L’implication supposée de hauts responsables, les manipulations autour du téléphone portable et les zones d’ombre sur la commission d’enquête posent de nombreuses questions sur les véritables dessous de cette affaire.
Le tribunal parviendra-t-il à démêler le vrai du faux et à rendre justice dans l’affaire Dangnivo ? Les prochaines heures jours seront décisives.
Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici.
Views: 249
