En visite officielle en Côte d’Ivoire, le président ghanéen John Dramani Mahama a réaffirmé, aux côtés de son homologue ivoirien Alassane Ouattara, leur engagement en faveur d’une Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) unie et solidaire. Les deux dirigeants ont lancé un appel pressant au Mali, au Burkina Faso et au Niger, qui ont quitté l’organisation pour former l’Alliance des États du Sahel (AES), afin qu’ils reviennent dans le giron communautaire.
Un plaidoyer pour l’unité sous-régionale
Lors d’une rencontre bilatérale au palais présidentiel d’Abidjan, Alassane Ouattara a insisté sur la nécessité de maintenir la cohésion entre les 15 États membres de la Cédéao face aux défis économiques et sécuritaires croissants. « Nous vous faisons confiance, M. le président, pour qu’à l’occasion de vos entretiens avec ces pays frères, vous puissiez les convaincre de rester dans la Cédéao, car il y va de l’avenir des peuples de l’Afrique de l’Ouest », a-t-il déclaré à l’attention de son homologue ghanéen.
De son côté, John Dramani Mahama a tenu à rappeler l’importance du dialogue et de la diplomatie pour éviter une fracture durable au sein de la région. « Il est toujours possible de ramener nos pays frères à la maison. Il vaut mieux être un groupe de 15 qu’un groupe de trois », a-t-il affirmé, soulignant le rôle essentiel du Mali, du Burkina Faso et du Niger pour la stabilité et le développement sous-régional.
Une médiation incertaine
Cet appel intervient alors que la Cédéao a accordé un délai de six mois à l’AES pour revoir sa décision. Toutefois, les dirigeants militaires de Bamako, Ouagadougou et Niamey maintiennent une position ferme sur leur départ, qualifiant leur retrait d’« irréversible ».
La proximité de John Dramani Mahama avec certains dirigeants de l’AES, notamment le Nigérien Abdourahamane Tiani et le Burkinabè Ibrahim Traoré, pourrait faciliter une médiation. Le président ghanéen s’appuie aussi sur d’autres figures influentes, comme le Togolais Faure Gnassingbé et le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye, pour favoriser le dialogue.
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Des enjeux économiques et sécuritaires majeurs
Outre les discussions sur la Cédéao, la rencontre entre les deux chefs d’État a permis d’aborder des questions économiques cruciales, notamment le cacao. La Côte d’Ivoire et le Ghana, qui assurent à eux seuls 65 % de la production mondiale, cherchent à renforcer l’Opep du cacao pour mieux réguler les prix et assurer une meilleure rémunération des producteurs.
La sécurité régionale a également occupé une place centrale dans les échanges. Les deux pays, engagés dans la lutte contre le terrorisme via l’Initiative d’Accra, ont convenu de renforcer leur coopération militaire pour contenir la menace jihadiste, notamment à leurs frontières communes.
Vers un nouveau chapitre des relations ivoiro-ghanéennes
Si les relations entre Abidjan et Accra ont connu des tensions par le passé – notamment avec le différend maritime tranché en faveur du Ghana en 2017 – les deux dirigeants affichent aujourd’hui une volonté de rapprochement. Outre les questions sécuritaires et économiques, ils ont convenu de renforcer la coopération en matière de lutte contre le réchauffement climatique, la piraterie maritime et l’orpaillage clandestin.
Reste à savoir si cette dynamique diplomatique portera ses fruits. Avec un contexte géopolitique toujours tendu, la réintégration du Mali, du Burkina Faso et du Niger dans la Cédéao demeure une équation à multiples inconnues.
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