jeudi 6 mars 2025

Conflit en RDC : le Canada durcit sa position contre le Rwanda, Berlin emboîte le pas

Partager

Le Canada a annoncé, lundi 3 mars 2025, une série de mesures économiques contre le Rwanda, en raison de la participation présumée de Kigali au conflit qui déchire l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Ces sanctions, bien que limitées en impact économique direct, marquent une nouvelle escalade diplomatique contre le régime de Paul Kagame, alors que l’Allemagne vient elle aussi de suspendre une partie de sa coopération avec le Rwanda.

Une pression internationale croissante sur Kigali

En décidant de suspendre l’octroi de licences d’exportation de marchandises et technologies dites « contrôlées » vers le Rwanda, le Canada rejoint un nombre croissant de pays occidentaux adoptant des sanctions ciblées contre Kigali. En plus de restreindre les relations commerciales bilatérales, Ottawa ne soutiendra plus les activités de développement commercial du secteur privé rwandais et réévaluera la participation du Rwanda aux événements internationaux qu’il organise ou co-organise.

Toutefois, le poids de ces sanctions reste relatif. En 2023, les échanges économiques entre le Canada et le Rwanda ne dépassaient pas 13,4 millions de dollars. Le commerce entre les deux pays concerne principalement des importations de café, de condiments et d’épices pour Ottawa, tandis que le Rwanda reçoit du blé, des véhicules et des pièces d’avion canadiennes. Les entreprises canadiennes sont présentes dans plusieurs secteurs clés au Rwanda, notamment les infrastructures, l’ingénierie, les mines et l’énergie.

Dans un communiqué conjoint, la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, et ses homologues du Développement international et du Commerce extérieur, ont dénoncé une « violation manifeste par le Rwanda de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC ». Ottawa a par ailleurs annoncé une enveloppe de 15 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires dans l’est de la RDC, une région ravagée par les violences.

LIRE AUSSI : RDC : 21 000 dollars pour un député, 100 pour un enseignant, le fossé se creuse

Berlin durcit également le ton

Quelques heures après l’annonce canadienne, c’est au tour de l’Allemagne de prendre des mesures contre Kigali. Berlin a déclaré, mardi 4 mars, qu’elle suspendait « de nouveaux engagements financiers ainsi que des rencontres de haut niveau avec Kigali », tout en réexaminant la coopération existante. L’Allemagne, qui alloue chaque année environ 50 millions d’euros d’aide au Rwanda, a fermement condamné l’offensive du groupe rebelle M23 dans l’est congolais, accusant le régime rwandais de soutenir cette rébellion en violation du droit international.

Si le gouvernement allemand a informé Kigali de sa décision, il a également réaffirmé la nécessité de prendre en compte les préoccupations sécuritaires du Rwanda, plaidant pour une solution régionale au conflit. Toutefois, cette décision s’inscrit dans une tendance plus large de restrictions internationales à l’égard du Rwanda, après que le Royaume-Uni a suspendu la majeure partie de ses aides financières au pays fin février.

Une riposte diplomatique de Kigali

Face à ces annonces successives, le gouvernement rwandais a vivement réagi. Dans un communiqué publié mardi, le ministère rwandais des Affaires étrangères a dénoncé des « mesures inefficaces et biaisées », accusant le Canada et l’Allemagne de « politiser » les relations de coopération et de fausser le débat sur les responsabilités dans la crise sécuritaire en RDC.

Kigali estime que ces décisions ne feront qu’aggraver les tensions et ne contribueront pas à une solution durable au conflit. Le Rwanda continue de rejeter les accusations de soutien au M23, un groupe rebelle principalement composé de Tutsi congolais, et insiste sur le fait que les causes du conflit sont avant tout internes à la RDC.

Un isolement progressif du Rwanda ?

Ces sanctions économiques et suspensions de coopération traduisent un durcissement notable de la communauté internationale envers Kigali, après plusieurs années de diplomatie prudente face à son rôle controversé dans la région des Grands Lacs. Alors que le président Paul Kagame brigue un quatrième mandat en 2024, ces tensions diplomatiques pourraient avoir des répercussions sur l’image du Rwanda sur la scène internationale, notamment en ce qui concerne ses relations avec ses partenaires occidentaux.

L’avenir du conflit dans l’est de la RDC reste incertain, mais une chose est claire : la pression internationale contre Kigali s’intensifie, et les appels à un règlement politique du conflit se multiplient. Reste à voir si ces sanctions suffiront à infléchir la position du Rwanda ou si elles ne feront que renforcer son défi face aux grandes puissances occidentales.

Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici. 

Views: 148

Plus d'actualités

Articles Populaires

You cannot copy content of this page