mardi 11 février 2025

Zone industrielle de Glo-Djigbé : transformer le coton, le cajou et le soja en or

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Le Bénin amorce une transformation économique sans précédent avec la Zone Industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ). Ce projet d’envergure, fruit d’un partenariat entre l’État béninois et le groupe ARISE IIP, ambitionne de positionner le pays comme un hub industriel majeur en Afrique de l’Ouest.

Longtemps cantonné à l’exportation brute de ses matières premières, le Bénin adopte aujourd’hui une approche résolument tournée vers la transformation locale. L’objectif est clair : capturer la valeur ajoutée, créer des milliers d’emplois et dynamiser les secteurs clés de l’économie nationale.

Avec le coton, la noix de cajou et le soja comme piliers, la GDIZ représente une révolution industrielle qui pourrait propulser le Bénin dans une nouvelle ère économique.

Des ressources stratégiques transformées sur place

  • Coton : du textile à la conquête des marchés internationaux

Le Bénin est l’un des plus grands producteurs de coton en Afrique, mais la majeure partie de sa production est encore exportée brute vers l’Asie et l’Europe. Avec la GDIZ, le pays se dote d’une capacité industrielle permettant :

  • La filature et le tissage du coton local, réduisant ainsi la dépendance aux importations de textiles.
  • La fabrication de vêtements destinés aux marchés régionaux et internationaux, notamment l’Europe et l’Amérique.
  • La création de milliers d’emplois, notamment pour les jeunes et les femmes, dans un secteur à fort potentiel.

L’objectif est d’assurer une transformation d’au moins 70 % du coton local d’ici 2026, réduisant ainsi le déficit commercial et stimulant les exportations de produits finis.

  • Noix de cajou : une filière à forte valeur ajoutée

Le Bénin figure parmi les principaux producteurs de noix de cajou en Afrique, mais moins de 10 % de la production est transformée localement. La GDIZ prévoit de corriger cette situation en développant une industrie de transformation capable de :

  • Traiter et conditionner la noix de cajou sur place, afin d’augmenter la valeur ajoutée.
  • Développer des sous-produits (huile de cajou, coques transformées en bioénergie).
  • Stimuler l’exportation vers des marchés premium, notamment en Europe et en Asie.

L’enjeu est d’atteindre un taux de transformation de 50 % d’ici 2025, contre moins de 10 % actuellement.

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  • Soja : un levier pour l’industrie agroalimentaire

Le soja béninois bénéficie d’une demande croissante, notamment pour la production d’huiles végétales et de tourteaux destinés à l’alimentation animale. Avec la GDIZ, plusieurs unités de transformation voient le jour pour :

  • Extraire et raffiner l’huile de soja, réduisant ainsi la dépendance aux importations d’huiles végétales.
  • Produire des aliments pour le bétail et la volaille, renforçant ainsi la filière de l’élevage.
  • Développer des produits dérivés pour l’exportation vers les marchés ouest-africains.

Avec une capacité de transformation en forte augmentation, le Bénin ambitionne de devenir un acteur clé du marché des huiles et protéines végétales en Afrique de l’Ouest.

  • Diversification industrielle : vers un modèle intégré et durable

Au-delà de l’agro-industrie, la GDIZ mise sur une diversification stratégique de ses activités industrielles. Plusieurs filières sont en plein développement :

  • Industrie céramique : réduction des importations de carreaux en céramique, développement d’un savoir-faire local.
  • Transformation des produits forestiers : exploitation durable des ressources en bois pour la fabrication de meubles et de matériaux de construction.
  • Production pharmaceutique : mise en place d’unités de fabrication de médicaments génériques pour réduire la dépendance aux importations.
  • Fabrication de matériaux de construction : production de ciment, de tuiles et d’autres matériaux pour soutenir la croissance du secteur immobilier.

Cette diversification permet au Bénin de renforcer sa résilience économique et de limiter les risques liés aux fluctuations des prix des matières premières sur les marchés mondiaux.

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Un modèle de synergie industrielle pour maximiser les bénéfices

La GDIZ ne se contente pas d’installer des usines : elle met en place un écosystème où les industries se complètent et maximisent les synergies. Par exemple :

  • Les déchets issus de la transformation agricole (cajou, soja) sont recyclés pour la production de provendes ou de bioénergie.
  • Les industries textiles bénéficient d’une logistique intégrée facilitant l’exportation vers les marchés internationaux.
  • La zone est équipée d’infrastructures modernes (eau, électricité, routes, entrepôts), garantissant un cadre optimal pour les investisseurs.

Cet environnement structuré attire déjà des investisseurs internationaux, séduits par la stabilité économique et les incitations mises en place par le gouvernement.

Protection et valorisation de l’industrie locale

Pour garantir le succès de cette industrialisation, le Bénin adopte une politique visant à protéger les industries locales contre la concurrence déloyale et à favoriser l’utilisation des ressources nationales. Parmi les mesures envisagées :

  • Taxation des exportations de matières premières non transformées, afin de privilégier la transformation locale.
  • Incitations fiscales pour les entreprises industrielles investissant dans la GDIZ.
  • Développement des infrastructures logistiques pour faciliter l’exportation des produits finis.

Ce modèle s’inspire de réussites africaines comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal, qui ont su imposer des régulations favorisant l’industrialisation locale.

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Des retombées économiques et sociales majeures

L’impact économique et social de la GDIZ est immense :

  • Plus de 300 000 emplois directs et indirects attendus à terme.
  • Hausse significative des exportations de produits transformés.
  • Réduction du déficit commercial grâce à la baisse des importations de produits manufacturés.
  • Renforcement des compétences grâce aux formations destinées aux jeunes et aux travailleurs du secteur industriel.

La GDIZ est bien plus qu’un projet économique : elle symbolise un changement de paradigme pour le Bénin. En privilégiant la transformation locale, le pays s’assure un avenir plus prospère, tout en offrant des opportunités d’emplois et de croissance à sa population.

Un pari sur l’avenir du Bénin industriel

L’industrialisation du Bénin est une nécessité pour accélérer son développement. Avec la GDIZ, le pays ne se contente plus de fournir des matières premières : il devient un acteur majeur de la transformation et de l’exportation de produits à forte valeur ajoutée.

Si les défis restent nombreux – formation de la main-d’œuvre, compétitivité, accès aux marchés – les fondations sont solides. Avec une vision claire et une mise en œuvre efficace, le Bénin peut réussir son pari et s’imposer comme un modèle de développement industriel en Afrique.

La GDIZ n’est pas seulement une zone industrielle : elle est le symbole d’un Bénin qui transforme ses ressources en richesses et s’ouvre à un avenir prospère et durable.

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