Lors du procès pour complot contre la sûreté de l’État devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), le procureur spécial Mario Metonou a exposé une série de preuves mettant en cause Rock Niéri. Bien que ce dernier soit en fuite depuis l’ouverture de l’enquête, son rôle central dans la mobilisation des fonds destinés au projet présumé de renversement du régime a été mis en lumière par les déclarations des coaccusés et les éléments matériels recueillis par l’instruction.
Selon le parquet, Rock Niéri ne s’est pas seulement limité à un rôle d’intermédiaire financier. Il aurait directement participé à la mise en place des ressources destinées à financer l’opération, en usant de sa position et de ses relations avec Olivier Boko et Oswald Homéky.
1. Une implication avérée dans la mobilisation des fonds
Trois éléments principaux placent Roch Niéri au cœur du financement présumé du complot :
• Un homme sans ambition politique personnelle : Le procureur souligne que Roch Niéri, beau-frère d’Olivier Boko, n’a jamais affiché d’ambition électorale. Toutes ses actions politiques ont été exclusivement dirigées en faveur de Boko, ce qui en fait un acteur clé du réseau de soutien de ce dernier.
• Le véritable dirigeant de la société GTP SARL : Bien que non officiellement enregistré comme propriétaire, c’est Roch Niéri qui a ordonné à ADJIGBEKOUN Hugues de retirer la somme de 600 millions de FCFA des comptes de l’entreprise. Selon le témoignage de ce dernier : « J’ai reçu ces chèques de mon patron Rock Niéri et portant les noms des personnes qui devaient effectuer les retraits » (Cf. PV D21). Une partie de ces fonds s’est retrouvée chez Oswald Homéky.
• Un rôle central dans le transfert des fonds : Olivier Boko, principal accusé dans l’affaire, a lui-même déclaré avoir demandé à Rock Niéri de remettre 250 millions de FCFA en liquide, issus de la société PORTE’O, pour financer les opérations. Ce montant a ensuite été retrouvé au domicile de Homéky après son interpellation.
Ces éléments montrent que Rock Niéri était un maillon essentiel du dispositif financier du complot allégué et qu’il avait un rôle actif dans la transmission des ressources nécessaires à sa réalisation.
2. Une fuite qui trahit une conscience de culpabilité
L’un des faits les plus accablants relevés par le procureur est la disparition de Rock Niéri dès l’ouverture de l’enquête.
• Depuis le début des investigations, il n’a répondu à aucune convocation des officiers de police judiciaire ni de la commission d’instruction.
• Un mandat d’arrêt et une mise en accusation ont été émis à son encontre et notifiés à sa dernière adresse connue.
• Son absence prolongée, alors qu’il est désigné comme l’un des principaux financiers du projet, est interprétée par le parquet comme la preuve de sa connaissance du complot et de son rôle dans sa mise en œuvre.
Selon la jurisprudence, la fuite d’un suspect peut constituer un indice de culpabilité, notamment lorsque les faits et les témoignages concordent pour l’incriminer. Dans le cas de Rock Niéri, son silence et son refus de se présenter devant la justice renforcent la thèse de l’accusation.
3. Une infraction caractérisée de corruption d’agent public
Au-delà de son rôle dans la mobilisation des fonds, le parquet retient également contre Rock Niéri l’infraction de corruption d’agent public, en lien avec les sommes versées au colonel Dieudonné Tévoèdjrè, commandant de la Garde républicaine.
Selon l’article 336 du Code pénal béninois, est coupable de corruption toute personne qui offre ou accorde un avantage indu à un agent public en échange d’un acte de ses fonctions. Cette infraction repose sur trois éléments :
1. Un agent public identifié : Le colonel Tévoèdjrè, en tant que chef de la sécurité présidentielle, est un officier des forces armées accomplissant une mission de service public. Sa position stratégique en faisait une cible clé du complot présumé.
2. Une proposition et une offre concrète : Les fonds remis au colonel, issus des comptes liés à Rock Niéri, constituent selon le procureur une tentative d’influence directe sur son action.
3. Une volonté d’obtenir une contrepartie : L’objectif de ces versements était de s’assurer la collaboration du chef de la sécurité présidentielle, afin qu’il facilite le projet de renversement du régime.
En orchestrant la mise à disposition des fonds, Rock Niéri se retrouve ainsi complice direct de l’acte de corruption, même en l’absence d’une exécution complète du plan présumé.
4. Un maillon essentiel du complot présumé
Au terme de son réquisitoire, le procureur spécial de la CRIET présente Rock Niéri comme l’un des piliers financiers de l’opération.
• Il a assuré la mobilisation et la transmission des fonds nécessaires à la tentative de renversement du pouvoir.
• Il a facilité le paiement du commandant de la Garde républicaine, en orchestrant les transactions depuis la société GTP SARL.
• Sa fuite confirme une volonté d’échapper à la justice, consolidant ainsi les charges retenues contre lui.
Malgré son absence physique au procès, le poids des preuves accumulées contre lui le place au cœur du dossier.
La justice béninoise a donc statué sur la gravité des actes reprochés à Rock Niéri, dont le rôle de facilitateur et de financier du complot a été établi par les éléments présentés par l’accusation.
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