Le Niger et la Chine renforcent leur coopération dans le domaine de la sécurité énergétique. Mardi 14 janvier, à Niamey, un accord stratégique a été signé entre le ministère nigérien de la Défense et la société West African Oil Pipeline Company (WAPCO-Niger), filiale de la China National Petroleum Corporation (CNPC). Cet engagement vise à sécuriser les opérations et les infrastructures pétrolières du Niger, notamment le gigantesque oléoduc reliant les champs pétroliers d’Agadem, à l’est du pays, au port béninois de Sèmè-Kpodji.
Un contexte d’insécurité croissante
Ces accords interviennent dans un contexte marqué par une recrudescence des attaques contre l’oléoduc Niger-Bénin. Depuis juin dernier, des sabotages répétés ont été perpétrés sur cette infrastructure stratégique, aussi bien au Niger qu’au Bénin. En juin, un groupe armé revendiquait une première attaque dans la région de Zinder, exigeant le retour au pouvoir de Mohamed Bazoum. Plus récemment, le 11 janvier, une autre attaque a été signalée près de Mounstéka, les assaillants ayant pris la fuite en direction du Nigeria.
Ces actes de sabotage ne sont pas les seuls défis auxquels fait face l’oléoduc. Les relations diplomatiques tendues entre Niamey et Porto-Novo suite à des de nouvelles déclarations de Tiani dans un entretien télévisé fin décembre compliquent davantage la situation. En 2024, le Niger a réussi à exporter son pétrole brut via le Bénin, mais le climat de méfiance persiste. Abdourahamane Tiani, chef de la junte au pouvoir, continue d’accuser le Bénin d’abriter des terroristes et de chercher à déstabiliser son pays, maintenant la fermeture de la frontière nigérienne. Ses déclarations sont d’ailleurs désormais perçues comme une diversion permanente par les observateurs.
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Un partenariat stratégique avec la Chine
La Chine, partenaire clé dans ce projet, propose des solutions de pointe pour assurer la sécurité des infrastructures. Selon le ministère nigérien du Pétrole, une surveillance par drones est envisagée sur les 2 000 km de l’oléoduc. Cette technologie pourrait constituer une réponse adaptée aux multiples menaces, tout en renforçant la capacité des forces de défense nigériennes.
En s’impliquant davantage dans la sécurisation de ses investissements en Afrique, Pékin confirme sa volonté d’étendre son influence sur le continent. Cette coopération avec le Niger s’inscrit dans une dynamique plus large, la Chine ayant récemment annoncé son intention d’accroître son rôle sécuritaire en Afrique, notamment au profit de pays voisins comme le Tchad et le Nigeria.
Un défi géopolitique et économique
L’oléoduc Niger-Bénin, pierre angulaire de l’économie pétrolière nigérienne, représente un enjeu stratégique crucial. Avec une capacité de transport annuelle de 4,5 millions de tonnes de brut, il est essentiel pour l’exploitation des ressources pétrolières du pays. La sécurisation de cette infrastructure est donc un impératif non seulement pour garantir la stabilité économique, mais aussi pour rassurer les investisseurs étrangers.
Cependant, la réalisation de cet objectif dépendra de la capacité du Niger et de ses partenaires à relever les défis sécuritaires, tout en apaisant les tensions régionales. La signature de cet accord marque une étape importante, mais son succès reposera sur la mise en œuvre concrète des engagements pris et sur la coopération efficace entre les différents acteurs impliqués.
Ce partenariat sino-nigérien symbolise l’interconnexion croissante entre économie, sécurité et diplomatie dans un contexte africain marqué par des enjeux complexes. Le Niger, tout en consolidant son partenariat avec la Chine, devra naviguer avec prudence pour transformer cet accord en un succès durable.
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