L’artiste américaine Ciara Wilson est devenue la première personne au monde à obtenir la citoyenneté béninoise dans le cadre de la nouvelle loi sur la nationalité adoptée par le Bénin. Une reconnaissance historique qui s’inscrit dans une démarche plus large de réconciliation entre l’Afrique de l’Ouest et ses diasporas.
La cérémonie s’est déroulée à Cotonou, en présence de représentants du gouvernement, de leaders culturels, et de la presse internationale. Ciara, lauréate d’un Grammy Award et figure influente de la scène musicale et philanthropique, s’est vue remettre son certificat de citoyenneté sur fond d’hommage aux Afro-descendants.
L’événement coïncidait avec la Journée internationale des femmes et filles afrodescendantes. « Je suis incroyablement fière d’être citoyenne du Bénin. Ce n’est pas qu’un symbole, c’est profondément personnel », a déclaré la chanteuse devant une salle émue.
Une loi inédite au cœur d’un retour identitaire
Promulguée en 2024, la loi sur la citoyenneté afro-descendante permet aux personnes majeures sans autre nationalité africaine, et pouvant prouver une ascendance liée à la traite transatlantique, de devenir béninoises. Les dossiers peuvent inclure des tests ADN, témoignages certifiés ou documents familiaux.
Cette initiative, qualifiée d’acte de justice par les autorités béninoises, est l’une des plus ambitieuses du continent en matière de réparation symbolique. Elle entend aussi renforcer les liens culturels, touristiques et économiques avec les millions de personnes d’origine africaine vivant en dehors du continent.
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Une reconnaissance médiatique et culturelle
Ce déplacement s’inscrivait dans une collaboration entre Rolling Stone Africa et l’Agence béninoise du tourisme. Ciara a fait la couverture de l’édition inaugurale en langue française du magazine, devenant aussi la première Américaine à paraître en une.
David Romuald Bellegarde Smeralda, PDG de Rolling Stone Africa et fondateur du groupe MWANKOM, voit dans cette initiative une concrétisation des ponts que son média souhaite bâtir entre l’Afrique et sa diaspora. « Ce moment montre ce qui est possible quand on amplifie les voix africaines et qu’on reprend le contrôle de nos récits », a-t-il affirmé.
Sur les traces de l’histoire
Suite à la cérémonie, Ciara s’est rendue à Ouidah, haut lieu de mémoire de la traite négrière. Elle a parcouru la Route des Esclaves jusqu’à la Porte du Non-Retour, un site poignant marquant le dernier passage des captifs africains avant leur déportation vers les Amériques. « J’ai vécu un retour chargé d’émotion, de réflexion, et de sens. Ce lieu m’a ramenée à l’essentiel », a-t-elle confié.
Sindé Chekete, directeur général de l’Agence béninoise du tourisme, souligne l’impact de ces lieux : « Ils permettent à la diaspora de renouer avec son histoire. Le tourisme mémoriel que nous développons n’est pas seulement une affaire de patrimoine, c’est une mission de transmission ».
Une stratégie politique assumée
Le Bénin s’impose aujourd’hui comme l’un des rares pays africains à reconnaître ouvertement son rôle dans la traite. À la fin des années 1990 déjà, l’ancien président Kérékou avait présenté des excuses officielles aux Afro-Américains. Le pays continue d’approfondir ce travail de mémoire, tout en le liant à une vision tournée vers l’avenir.
Jean-Wilfried Kemajou, responsable de la stratégie de marque du Bénin, voit dans l’acquisition de la nationalité béninoise par Ciara un message fort : « C’est une invitation adressée à toute la diaspora : revenez, découvrez, et appartenez ».
Le Bénin en éclaireur d’un dialogue nouveau
En faisant de Ciara la première bénéficiaire de sa loi sur la citoyenneté afro-descendante, le Bénin envoie un signal clair : celui d’une Afrique qui ne renie pas son passé, mais le transforme en moteur d’avenir. Le geste est plus qu’honorifique. Il est stratégique, culturel et humain. Pour Ciara, comme pour des millions d’Afro-descendants, il ouvre une voie vers une appartenance retrouvée.
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