Depuis quelques jours, des déclarations présentées comme des prises de position citoyennes se multiplient à travers le pays. De Parakou à Savè, en passant par Ouèssè et Nikki, des groupes se réclamant de « sages » ou de « notables » adressent des messages à la Cour constitutionnelle, l’invitant à statuer favorablement sur un dossier impliquant le parti LD.
Mais derrière cette succession d’appels soigneusement médiatisés et relayés sur les canaux dudit parti et certains de ses responsables, tout porte à croire qu’il s’agit d’une opération politique coordonnée, destinée à peser sur une institution censée demeurer indépendante.
Des messages copiés-collés, une stratégie bien huilée
À y regarder de près, ces déclarations locales présentent des similitudes frappantes. Les formulations, les arguments, voire la structure des discours, semblent calqués les uns sur les autres. Plusieurs observateurs y voient la trace d’une campagne centralisée, orchestrée par l’appareil du parti LD.
Les visages changent, les décors aussi, mais le message demeure identique : exhorter la Cour à adopter une position favorable à leur camp, sous couvert de “voix de la sagesse”.
Cette mise en scène politique, qui instrumentalise le respect traditionnel accordé aux « anciens », pose une question de fond : jusqu’où certains acteurs sont-ils prêts à aller pour influencer les décisions de justice ?
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Une pression déguisée sur la Cour constitutionnelle
Les institutions républicaines doivent fonctionner à l’abri des pressions politiques. Or, en encourageant des déclarations publiques ciblant directement la Cour constitutionnelle, le parti LD prend le risque de fragiliser l’indépendance d’une institution clé.
Une telle stratégie n’est pas anodine : elle vise à créer un climat d’opinion, une illusion de consensus populaire, pour faire peser une contrainte morale et médiatique sur les juges constitutionnels.
Pour les défenseurs de l’État de droit, cette tendance est préoccupante. Le respect du processus judiciaire exige la retenue, la discrétion et la confiance dans les mécanismes institutionnels. Utiliser les réseaux militants pour fabriquer une légitimité artificielle constitue un détournement de la parole citoyenne.
Un précédent dangereux pour la démocratie
Au-delà du cas du parti LD, c’est une pratique qui, si elle se normalise, pourrait avoir des conséquences graves. Permettre aux formations politiques de se servir de figures communautaires pour influencer les décisions judiciaires reviendrait à affaiblir les garde-fous démocratiques.
La Cour constitutionnelle, par son rôle d’arbitre ultime, doit rester au-dessus des calculs partisans. Ses décisions doivent être dictées par le droit, non par la rumeur organisée ou le lobbying déguisé.
Dans un contexte où la confiance du public dans les institutions reste fragile, les manipulations de ce type ne font que creuser la méfiance. Elles brouillent la frontière entre expression citoyenne authentique et propagande politique.
La responsabilité des acteurs politiques
Il revient désormais aux responsables du parti LD de clarifier leur position et de mettre fin à ces pratiques douteuses. La liberté d’expression ne doit pas servir de paravent à des opérations d’influence.
Quant à la Cour constitutionnelle, elle doit continuer à exercer sa mission avec sérénité, sans céder aux pressions extérieures, quelles qu’en soient les formes.
Dans une démocratie mature, la loyauté envers les institutions n’est pas une faiblesse, mais une exigence. Les manipulations d’opinion, elles, restent une faute politique et morale.
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