samedi 15 novembre 2025

Présidentielle 2026 au Bénin : dans les coulisses de la désignation de Romuald Wadagni

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En Afrique de l’Ouest, où la longévité des présidents est souvent la règle, Patrice Talon se démarque. Deux mandats à la tête du Bénin, et il promet de quitter le pouvoir en 2026, sans tripatouillage constitutionnel, sans manœuvre en coulisses. Dans un contexte régional où Alassane Ouattara brigue un quatrième mandat en Côte d’Ivoire et où Faure Gnassingbé perpétue dynastie et pouvoir au Togo, Talon trace sa route.

Mais derrière cette décision démocratique, une mécanique politique subtile se met en place. Fin août 2025, à peine revenu de Paris, le président reçoit Romuald Wadagni sous la paillote de sa résidence de Cotonou. Officiellement, il s’agit d’un compte-rendu de mission en Asie, mais l’entretien dure jusqu’au petit matin, rapporte un média international.

Chaque question de Talon pèse, chaque silence observe. Il teste la vision stratégique, la capacité d’argumenter, le sang-froid. Romuald Wadagni comprend vite que ce n’est pas un simple débriefing : c’est l’épreuve du feu, celle qui distingue le technocrate du futur président.

Le lendemain, c’est Joseph Djogbénou, ancien président de la Cour constitutionnelle, qui se présente au palais. Considéré comme un possible dauphin, il sait que l’examen sera exigeant. Mais face au président, ses arguments se brisent, ses hésitations s’amplifient. Talon insiste, pousse, démontre : Wadagni doit être l’homme choisi. La sentence est silencieuse, mais limpide. Djogbénou sort, conscient que son moment est passé. Le nom de Wadagni s’impose.

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La suite s’accélère. Les directoires du Bloc républicain et de l’Union progressiste le Renouveau sont consultés. Les règles sont claires. Le candidat futur doit rassurer les marchés, assurer la continuité économique et politique. Les figures historiques, telles qu’Abdoulaye Bio Tchané, s’effacent naturellement, rattrapées par l’âge ou le temps. Le consensus se forme sans résistance. Le ministre d’Etat Wadagni devient l’incarnation de la continuité et de la stabilité.

À 48 ans, formé en France et aux États-Unis et ancien consultant chez Deloitte, Wadagni symbolise une technocratie rassurante. Mais pour transformer cette désignation présidentielle en dynamique collective, il multiplie les gestes symboliques. Nicéphore Soglo, depuis Paris, envoie un message vidéo de soutien, tremblant mais fort en symbole. Le lendemain, Wadagni rend visite à Adrien Houngbédji ; la rencontre se termine dans une atmosphère chaleureuse et d’accolades. Quelques jours plus tard, l’ancien président de la Cour suprême Ousmane Batoko scelle l’adhésion en ces termes : «  Wadagni est mon fils, je ne lui marchande pas mon soutien ».

Dans un pays où les filiations politiques comptent, ces onctions sont précieuses. Romuald Wadagni, encore inconnu du grand public il y a dix ans, devient le candidat de référence. Mais si le technocrate rassure les marchés et les élites, la vraie bataille reste celle des urnes. La présidentielle de 2026 sera l’épreuve de la légitimité populaire, là où les équilibres régionaux et partisans jouent un rôle décisif.

Patrice Talon, en respectant strictement la limitation des mandats, devient un modèle démocratique régional. Pour le président, le pari est double : garantir la continuité de ses politiques et transformer un technocrate en leader politique capable de séduire les urnes.

La désignation est désormais officielle, le soutien des grandes figures acquis, et les marchés rassurés. Reste à Romuald Wadagni de convaincre le peuple, et à 2026 de révéler si le choix du président a été le bon.

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