samedi 15 novembre 2025

Niger : deux ans après le putsch, le régime militaire peine à convaincre

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À la veille du deuxième anniversaire du coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum, le général Abdourahamane Tiani a pris la parole dans un message radiotélévisé. Deux ans après sa prise de pouvoir, le chef de l’État nigérien a livré un discours clairement orienté vers la souveraineté nationale et le rejet de ce qu’il qualifie d’« ingérences étrangères ».

Apparu en tenue militaire, le général Tiani a dénoncé l’action de « forces impérialistes » qui, selon lui, entravent le développement du pays. Il a posé un choix binaire devant le peuple : celui de la soumission ou de la dignité et insite sur la nécessité pour les Nigériens de « défendre eux-mêmes leur souveraineté ».

Cette rhétorique, désormais récurrente, vise à renforcer la légitimité d’un pouvoir de transition confronté à des pressions extérieures constantes.

Depuis le 26 juillet 2023, date du renversement de Mohamed Bazoum, toujours retenu avec son épouse selon les informations disponibles, le Niger a suspendu plusieurs accords de coopération, notamment avec la France.

La junte a également pris ses distances avec des institutions régionales comme la CEDEAO, et opte pour une diplomatie fondée sur des partenariats « équilibrés ». Cette posture rejoint celle adoptée par les régimes militaires du Mali et du Burkina Faso, qui ont amorcé une redéfinition de leurs alliances internationales.

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Ce choix souverainiste, bien que mobilisateur en interne, laisse planer des incertitudes sur l’avenir institutionnel du pays. Aucun calendrier de transition n’a encore été publié, malgré les engagements initiaux.

La perspective d’un retour à un régime civil reste floue, et les appels de la communauté internationale à une normalisation de la situation demeurent sans réponse concrète.

Alors que la région est secouée par l’insécurité, les crispations diplomatiques et la montée des régimes de transition, le discours du général Tiani semble vouloir ancrer le Niger dans une logique de rupture assumée avec les anciennes puissances partenaires, en particulier occidentales.

Si cette ligne répond à une demande d’émancipation exprimée par une partie de la population, elle comporte également le risque d’un isolement prolongé, alors que le pays continue de faire face à des défis économiques et sécuritaires majeurs.

À deux ans du coup d’État, le pouvoir militaire semble vouloir durer. Reste à savoir à quel prix et avec quel horizon démocratique.

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