samedi 15 novembre 2025

Désinformation numérique : l’ASIN et le CNIN en première ligne au Bénin

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Alors que les fausses informations se propagent de plus en plus vite sur les réseaux sociaux, alimentées par des outils d’intelligence artificielle, le Bénin s’organise pour contrer ce fléau à travers l’action concertée de l’ASIN et du CNIN.

Depuis plusieurs mois, les autorités béninoises observent une recrudescence de contenus trompeurs circulant massivement sur les plateformes sociales. Vidéos manipulées, faux communiqués administratifs, messages alarmistes ou images et vidéos générées par intelligence artificielle s’invitent désormais dans les groupes WhatsApp, les fils TikTok ou encore les chaînes Telegram à forte audience. Face à cette vague de désinformation numérique, deux institutions jouent un rôle central : l’Agence des Systèmes d’Information et du Numérique (ASIN) et le Centre National d’Investigation Numérique (CNIN).

Le CNIN, dispose d’une cellule spécialisée chargée de détecter et d’analyser les attaques informationnelles visant le Bénin. Son directeur, Ouanilo Médégan, confie que plusieurs campagnes hostiles ont été identifiées depuis 2023 : « Certains contenus sont élaborés à l’extérieur, avec des intentions claires de manipulation de l’opinion publique. Ils sont ensuite relayés dans des groupes numériques très actifs ».

Ces contenus prennent la forme de fausses alertes sécuritaires, de montages mettant en cause des autorités publiques ou encore de documents administratifs falsifiés usurpant l’identité de ministères. Leur impact est décuplé par l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle, qui permettent de générer des images, des voix, voire des vidéos convaincantes en quelques minutes.

Une riposte fondée sur la veille, la vérification et l’alerte

L’ASIN, pour sa part, coordonne la réponse institutionnelle à ces menaces numériques. Outre sa mission de protection des systèmes d’information publics, l’agence renforce sa veille en ligne, alimente les cellules d’alerte et accompagne les administrations dans la vérification des contenus suspects. Une plateforme interne de signalement est également à l’étude, pour permettre aux citoyens de contribuer à la lutte contre les infox.

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« La vitesse à laquelle circulent les fausses informations dépasse souvent celle des canaux officiels. Il est donc crucial d’avoir une capacité de réaction rapide, mais aussi de travailler en amont sur la prévention », explique un cadre de l’ASIN sous anonymat.

Un défi citoyen autant que technologique

Au-delà des outils techniques, les spécialistes béninois insistent sur l’importance de l’éducation aux médias et à l’information. Car si la désinformation numérique repose en partie sur des technologies puissantes, elle prospère surtout là où les publics sont peu préparés à distinguer le vrai du faux. D’où l’appel croissant à intégrer ces enjeux dans les programmes scolaires, universitaires et de formation professionnelle.

Amandine G., Consultant en communication 360 et consultante en cybersécurité, avertit :
« Le problème n’est pas uniquement technologique. Il est aussi culturel. Tant que les citoyens ne développeront pas des réflexes de vérification, la désinformation continuera de se répandre plus vite que les démentis officiels ».

Vers un cadre plus robuste ?

Des discussions sont en cours au sein du gouvernement et le parlement pour renforcer le cadre juridique lié à la cybersécurité et à la lutte contre la manipulation de l’information. Mais les experts appellent à la prudence : tout en luttant contre les infox, il faut préserver les libertés numériques et éviter les dérives répressives.

Dans ce combat de longue haleine, le CNIN et l’ASIN apparaissent comme les vigies d’un Bénin numérique encore vulnérable, mais de plus en plus conscient des menaces invisibles qui circulent en ligne. Leur action discrète, mais déterminée, contribue à préserver la confiance dans l’espace public numérique, au moment où celui-ci devient un champ de bataille à part entière.

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