samedi 15 novembre 2025

Bénin : Janvier Yahouédéou balance tout sur la gouvernance Boni Yayi

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Des secrets longtemps tus éclatent au grand jour. Lors de l’émission Info Hebdo diffusée le 9 août 2025 sur une chaîne privée, Janvier Yahouédéou, ministre coordonnateur du collège des ministres conseillers du président Patrice Talon, est revenu sur la gouvernance de l’ancien président Boni Yayi, avec des révélations et accusations fortes.

L’ancien député raconte qu’en 2010, alors qu’il siégeait au Parlement, il avait lancé une procédure judiciaire contre Boni Yayi. « J’avais réussi à obtenir 49 signatures. Il me fallait juste 52 », a-t-il déclaré. Cette initiative avait été lancée en fin de mandat, juste avant les élections de 2011. Il affirme que les signataires ont ensuite fait face à des représailles politiques, avec notamment la défaite de plusieurs élus, dont Samou Adambi.

Selon Yahouédéou, cette procédure trouve son origine dans le « pillage de l’économie nationale » sous Boni Yayi. Il dénonce en particulier le dossier Cen-Sad, où 70 milliards de francs CFA auraient été détournés. Il cite aussi des achats surfacturés, comme une paire de gants à 90 000 francs ou des imperméables à 400 000 francs, ainsi que la vente à prix bradé de parcelles en bordure de mer.

Il parle aussi du scandale ICC Services, avec environ 200 milliards de francs siphonnés, ce qui a aggravé la pauvreté des Béninois, déjà en grande difficulté pour se nourrir au quotidien. Pour lui, « le vrai siphonnage, c’est sous Yayi ».

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L’ancien ministre critique aussi plusieurs projets phares de l’époque, comme le siège de l’Assemblée nationale, un projet de 25 milliards « partis en fumée » sans appels d’offres, confié à des proches du pouvoir. Il dénonce la mauvaise qualité des routes construites, notamment celle reliant Kpédékpo à Ouinhi, dégradée au bout d’un an à cause d’un goudronnage trop faible.

Le dossier Maria Gléta est également pointé du doigt : 45 milliards auraient été dépensés pour acheter de vieux moteurs d’avion de la Première Guerre mondiale, toujours visibles sur place. Quant au nouveau siège de l’Assemblée nationale, finalement détruit, Yahouédéou aurait souhaité qu’il soit conservé en « musée de la honte, alias musée de la corruption », pour rappeler aux générations futures les responsabilités des auteurs de cette « misère ».

Une rupture progressive avec Boni Yayi

Initialement proche du régime Yayi, Yahouédéou explique que ses doutes ont surgi en 2008, à la suite des déclarations du député Issa Salifou sur la gestion opaque de fonds publics, notamment l’affaire des véhicules d’occasion et la possession supposée de coffres-forts personnels par le président.

Il a alors mené ses propres enquêtes, financées personnellement, découvrant des surfacturations sur des achats publics, notamment des tracteurs achetés à un prix dix fois supérieur à leur valeur réelle, qui tombaient en panne rapidement.

Sous Talon, la lutte contre la corruption est plus stricte

Pour lui, la différence majeure entre les régimes Yayi et Talon réside dans le système. « Certains qui ont pillé le pays sous Yayi se sont retrouvés avec le président Patrice Talon, mais ils ne peuvent plus voler », affirme-t-il avant d’ajouter : « Si le président Talon devait trop poursuivre, Boni Yayi se retrouverait en prison ».

Enfin, il relativise les critiques actuelles sur le coût de la vie. « Ce n’est pas au temps de Patrice Talon qu’on se plaint du panier de la ménagère. C’est depuis Boni Yayi, et c’était pire ».

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