L’ancien député raconte qu’en 2010, alors qu’il siégeait au Parlement, il avait lancé une procédure judiciaire contre Boni Yayi. « J’avais réussi à obtenir 49 signatures. Il me fallait juste 52 », a-t-il déclaré. Cette initiative avait été lancée en fin de mandat, juste avant les élections de 2011. Il affirme que les signataires ont ensuite fait face à des représailles politiques, avec notamment la défaite de plusieurs élus, dont Samou Adambi.
L’ancien ministre critique aussi plusieurs projets phares de l’époque, comme le siège de l’Assemblée nationale, un projet de 25 milliards « partis en fumée » sans appels d’offres, confié à des proches du pouvoir. Il dénonce la mauvaise qualité des routes construites, notamment celle reliant Kpédékpo à Ouinhi, dégradée au bout d’un an à cause d’un goudronnage trop faible.
Le dossier Maria Gléta est également pointé du doigt : 45 milliards auraient été dépensés pour acheter de vieux moteurs d’avion de la Première Guerre mondiale, toujours visibles sur place. Quant au nouveau siège de l’Assemblée nationale, finalement détruit, Yahouédéou aurait souhaité qu’il soit conservé en « musée de la honte, alias musée de la corruption », pour rappeler aux générations futures les responsabilités des auteurs de cette « misère ».
Une rupture progressive avec Boni Yayi
Initialement proche du régime Yayi, Yahouédéou explique que ses doutes ont surgi en 2008, à la suite des déclarations du député Issa Salifou sur la gestion opaque de fonds publics, notamment l’affaire des véhicules d’occasion et la possession supposée de coffres-forts personnels par le président.
Il a alors mené ses propres enquêtes, financées personnellement, découvrant des surfacturations sur des achats publics, notamment des tracteurs achetés à un prix dix fois supérieur à leur valeur réelle, qui tombaient en panne rapidement.
Sous Talon, la lutte contre la corruption est plus stricte
Pour lui, la différence majeure entre les régimes Yayi et Talon réside dans le système. « Certains qui ont pillé le pays sous Yayi se sont retrouvés avec le président Patrice Talon, mais ils ne peuvent plus voler », affirme-t-il avant d’ajouter : « Si le président Talon devait trop poursuivre, Boni Yayi se retrouverait en prison ».
Enfin, il relativise les critiques actuelles sur le coût de la vie. « Ce n’est pas au temps de Patrice Talon qu’on se plaint du panier de la ménagère. C’est depuis Boni Yayi, et c’était pire ».
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