samedi 15 novembre 2025

Maroc : la pauvreté recule, mais les inégalités explosent

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Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dresse un constat contrasté du Maroc contemporain. Selon le HCP, le pays a su éradiquer l’extrême pauvreté mais voit ses acquis menacés par une montée des inégalités.

En 2022, moins de 0,3 % des Marocains vivaient encore sous le seuil international d’extrême pauvreté (1,9 dollar par jour), un résultat exceptionnel dans le monde en développement.

L’année suivante, le Royaume franchissait un cap symbolique en rejoignant les pays à « développement humain élevé », avec un indice de 0,710. L’espérance de vie a gagné dix ans depuis 1990, la scolarisation s’est étendue et le revenu par habitant a doublé.

Pourtant, derrière ces succès, le HCP met en garde. Après deux décennies de recul, la pauvreté absolue est repartie à la hausse. De 1,7 % en 2019, elle est remontée à 3,9 % en 2022 sous l’effet cumulé de la pandémie, de l’inflation et de la sécheresse.

Plus inquiétant encore, la pauvreté change de visage. Jadis concentrée dans les campagnes, elle frappe désormais les villes. 512 000 citadins étaient en situation de pauvreté en 2022 contre 109 000 trois ans plus tôt.

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Parallèlement, la vulnérabilité s’élargit. En 2022, 4,75 millions de Marocains vivaient à la limite du basculement, dont pas près de la moitié en milieu urbain. Une dépense imprévue, une maladie ou une perte d’emploi peut suffire à les faire sombrer.

Le HCP pointe aussi le « grand retour » des inégalités. L’indice de Gini est remonté à 40,5 % en 2022, ramenant le pays aux niveaux du début des années 2000. Les 20 % les plus riches accaparent 48,1 % de la consommation nationale, tandis que les 20 % les plus pauvres doivent se contenter de 6,7 %.

Les disparités sont particulièrement visibles dans l’alimentation, où la hausse des prix a creusé un fossé inédit. Les ménages modestes réduisent leurs portions, changent de produits, voire sautent des repas.

Sur le front du genre, les progrès sont indéniables. La mortalité maternelle a reculé et les filles réussissent mieux à l’école. Les femmes occupent 21,4 % des sièges parlementaires, un record.

Mais leur participation au marché du travail reste faible. Seulement 19 %, contre 70 % pour les hommes. Pour le HCP, cette sous-utilisation du potentiel féminin freine l’essor économique du pays.

Dans son rapport, l’institution appelle à sortir des politiques sectorielles pour adopter une approche territoriale, adaptée aux réalités locales et fondée sur des données précises. L’Enquête nationale sur le niveau de vie des ménages, prévue en octobre 2025, doit permettre d’identifier les nouvelles fractures sociales et de renforcer les filets de protection.

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