samedi 15 novembre 2025

Arnaques en ligne : près de 16 milliards de dollars détournés en 2024

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Trois hommes ghanéens, âgés de 36 à 40 ans, ont récemment été identifiés à la tête d’un réseau d’arnaques sentimentales baptisé « l’entreprise ». Se surnommant « les présidents », ils désignaient leurs victimes comme des « clients ».

Leur méthode consiste à séduire sur les réseaux sociaux des personnes seules, souvent âgées et peu familiarisées avec les nouvelles technologies, afin de leur soutirer de l’argent.

Le réseau repose sur une organisation complexe d’intermédiaires, qui permet aux escrocs de blanchir l’argent et de rester quasiment introuvables. « Ils ne travaillent pas seuls. Parfois, trois brouteurs s’attaquent à une même victime en même temps, et à la fin de la journée, ils partagent le butin. Ils ont des complices partout, au Ghana, en Côte d’Ivoire ou au Cameroun », explique Suleman Lazarus, chercheur spécialiste en cybercriminologie.

En Afrique de l’Ouest, ces arnaqueurs sont largement connus. Au Nigeria, on parle des « Yahoo boys » et au Ghana des « Sakawa boys ». « La majorité des gens ne les considèrent pas comme des criminels. Grâce à leur argent et leur générosité, ils jouissent d’un certain statut social. Certains sont même musiciens ou dirigeants de labels et redistribuent souvent l’argent à leur communauté », ajoute Lazarus.

Les techniques d’escroquerie évoluent avec la technologie : intelligence artificielle, modification de voix, manipulation de photos et vidéos réalistes. De nombreuses victimes tombent dans le piège.

Isabelle, 62 ans, en est un exemple. Divorcée et vivante seule, elle a été contactée sur Facebook par un homme prétendant être l’acteur péruvien Marco Zunino. Pendant six mois, ils échangent des messages et des appels, avant que l’homme ne commence à demander de l’argent pour des motifs urgents.

Au fil des années, Isabelle a versé près de 29 000 euros. « C’est comme une drogue… il m’a tellement fait de mal qu’il m’a coupé de la vie de mes enfants. J’ai passé plus d’un an sans leur parler », confie-t-elle.

Malgré les plaintes et les initiatives d’entraide sur les réseaux sociaux, comme la page « Assistance aux victimes d’arnaqueurs sentimentaux (A.V.A.S.) », le phénomène reste difficile à contrôler.

Selon les statistiques américaines, les arnaques en ligne, toutes catégories confondues, ont augmenté de 33 % en 2024 et généré près de 16 milliards de dollars de pertes.

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