Malgré sa faible valeur face à l’euro ou au dollar, le franc CFA n’est pas la monnaie la plus dépréciée d’Afrique. La preuve, il s’échange aujourd’hui trois fois plus cher que le naira nigérian, la devise de l’une des premières puissances économiques du continent.
Un exemple suffit à l’illustrer. Un Nigérian quittant Lagos pour Cotonou avec 30 000 nairas en poche n’obtient que 10 000 francs CFA à son arrivée. Un désavantage de change qui se reproduit dans tous les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) : Togo, Bénin, Niger, Burkina Faso, Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire et Guinée-Bissau.
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Ce déséquilibre monétaire impacte les dynamiques migratoires dans la région. Jadis, les ressortissants de l’UEMOA affluaient vers le Nigeria à la recherche d’opportunités. Aujourd’hui, la tendance s’inverse. « Maintenant, c’est nous, les Nigérians, qui devons chercher du travail chez eux », témoigne une résidente de Lagos.
Cette réalité reflète plus largement l’effet structurant de la monnaie sur la mobilité des populations. Un million de francs CFA équivaut à environ 1 524 euros ou 1 764 dollars, ce qui renforce l’attrait de l’émigration vers l’Europe ou les États-Unis pour nombre de jeunes Ouest-Africains.
Face à ces défis, les pays de la CEDEAO envisagent une riposte collective. L’initiative de création d’une monnaie unique, l’« Eco », prévue pour 2027, vise à harmoniser les politiques monétaires et à renforcer la stabilité économique régionale. Le Nigeria, de son côté, développe un programme d’achat d’or pour soutenir le naira.
Reste à savoir si ces projets suffiront à redonner à la monnaie ouest-africaine un véritable pouvoir d’achat.
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